vendredi 15 juillet 2011

La jauge

Il est toujours un moment angoissant dans la vie d'un prototype
de la classe des Minis, c'est celui de la première jauge, le passage
au cadre et les tests de stabilité.
En effet, quand le bateau est calculé au plus juste, il suffit
de quelques kilos de trop pour que le tirant d'eau soit excessif
et rende le bateau inapte à courir.
Dans ce cas, la solution la plus rapide reste de raboter le dessous
du bulbe. On y perd du poids, du plomb, de la longueur de quille, et
surtout, de la stabilité.



C'est la qu'on passe au 2ème chapitre de la jauge, la stabilité.
L'objectif est d'amener le bateau à 10° de gite en mettant tous
les systèmes d'apport de puissance du même côté, quille basculée
et ballastes remplis si il y a lieu. Une fois ceci réglé, on va
vérifier que le bateau ainsi configuré , une fois chaviré, peut
relever une masse de 45 kilos fixée à la tête du mat.
Ce n'est pas toujours vrai du premier coup, il suffit de quelques
kimlos imprévus dans le gréement pour mettre à mal les savants calculs
des architectes. Alors on réduit l'angle de quille, perdant ainsi
de la performance, jusqu'à voir le bateau se redresser.
Pour le 802, ça a été rapide: pas de ballast, on a amené la quille
en butée dans son puit, le bateau est arrivé à 9.9° de gîte.
Pas mal...
Puis on l'a chaviré, on a fixé les 45 kilos, et le bateau s'est relevé
du premier coup, comme par enchantement.



Et c'est là que le skipper remercie le constructeur pour le respect
du devis de poids, et l'architecte, pour la précision du travail.
Tout le monde se félicite, beau boulot les gars, je me serre la louche
tous les trois, tout ça...
Bon, un peu d'autosatisfaction, ça fait du bien de temps en temps...

mardi 28 juin 2011

En route pour Douarnenez



A programme: jauge, Trophée MAP et Mini-Fastnet.

jeudi 19 mai 2011

Première course...

Première victoire...
Résultat un peu inattendu pour une première confrontation,
lors du Trophée du YCF,100 milles en double au départ
de La Rochelle.
Une adversité faible en nombre, un seul concurrent
direct dans notre catégorie.
Concurrent de qualité tout de même, La Tortue de l'Aquarium,
régulièrement menée près des podiums par son excellent skipper,
Aymeric Chappellier.



Et aussi quelques bateaux performants , plus grands,
qui peuvent ainsi donner des niveaux de performance
à certaines allures.
Autant dire qu'au départ, notre projet à Donatien et moi,
c'était d'essayer de suivre, avec un bateau en phase de découverte,
au gréement en pleine péride de fluage, et dont certains spis
n'étaient pas encore sortis des sacs depuis la livraison.
On voulait juste utiliser la Tortue comme lièvre,c'est tout.
Sauf que ça ne s'est pas passé tout à fait comme prévu.
On part tranquille, bouée de dégagement honorable.
Il y a 20 nds de vent apparent, on a 1 ris partout.
Donatien barre, j'essaye d'assurer à la manoeuvre.
On voit bien qu'à dessiner et construire, j'ai peu navigué,
et mes automatismes sont très approximatifs.
Pas grave, j'ai conçu un bateau de feignant, c'est
prévu pour.
Bord suivant, largue de 3 milles durant lequel on sort
le Code 0 quelques mêtres; j'ai mal passé un bras,
je préfère ne pas prendre de risque, on affale.
Tiens, on s'est rapproché des premiers?



17 milles de près débridé puis refusant en forçant,
25 nds de vent apparent. On se tire la bourre avec l'Akilaria 950,
on découvre les manettes, et nous sommes finalement les seuls
à passer sur un bord. On vire PA dans le tableau arrière
de l'Akilaria.
Derrière, il y a un petit trou.

30 milles vers BXA, l'embouchure de la Gironde.
Spi de capelage, on fait glisser dans une mer très courte.
Pas la peine d'accélérer, les vagues sont trop lentes.
On distance l'Akilaria qui n'arrive pas à descendre.
On voit de moins en moins les spis derrière, tous semblent
loffer plus.
En moins de 3 heures, on avale tout ça, et patatras, pas de BXA!
On passe pleine balle la position de la bouée, s'interroge, interroge
les collègues. Pas de pot, BXA est au milieu des pots de peintures
pour rénovation.
Les collègues décident normalement de virer
la position GPS de la balise.
Pour nous, ça fait pas loin de 2 milles que nous sommes passés par là,
il faut tout recommencer, et remonter ces 2 milles.
On se retrouve sous le vent des nouveaux premiers, légèrement en arrière.
Et le vent monte; on se retrouve au près serré avec 30 nds de vent apparent.
C'est brutal, ça mouille, ça cogne, mais ça marche fort...
Je surveille tous les éléments du bateaux, observe le mat, déplore les haubans tout mous, écoute les bruits du bateau, et desserre progressivement les fesses.
C'est un vrai test, ça m'a l'air bien construit, et ça m'a l'air facile
à faire marcher.
Plus étonnant, la voilure est restée la même sans que la bateau ne
se vautre; c'est vraiment un truc de flemmard!
Bon, on repasse en tête à PA, dans l'étrave de La Tortue, pour un dernier bord de 20 milles à 45° de vent apparent, mollissant en s'approchant de La Rochelle.
On se contente de profiter de la glisse de la carène, et on arrive
avec 20 minutes d'avance sur notre adversaire.

Voilà, ça, c'est fait. C'est prometteur.
Il me faut maintenant travailler pour progresser
et tirer le meilleur parti du bateau. Comme dit mon ami Hervé, éminent
créateur de bateaux rapides: " si tu fais pas de conneries, ça devrait
aller bien".
Le bateau semble d'accord, et c'est une excellente bonne nouvelle.
A suivre...

mardi 10 mai 2011

A l'eau, enfin!



Avec un peu de retard, comme il se doit pour tout prototype
normalement constitué, le 802 s'est enfin mouillé les fesses,
la quille et autre appendices.
Pas de pesée mesurée, mais l'asssiette, très haute, semble confirmer
les pronostics de légèreté.
Une faute de manoeuvre en pendulant la quille pendant
le convoyage à Pornichet me privera de participation à la Select;
Moralité: quand on sent un point dur à la manivelle de winche,
il est prudent de s'arrêter, on peut bêtement déplacer une cloison!
Depuis, tout est réparé, j'ai remonté un palan de quille plus
conventionnel ( et plus encombrant).
Prochaine étape: les 100 milles de la Rochelle, le 14 Mai....


mardi 15 mars 2011

2011- à la bourre?

S'il était possible de construire un proto , seul, sans finir à la bourre,
ça se saurait.
Je pensais être prévoyant, en débutant la construction longtemps
avant la mise à l'eau envisagée.
A la fin, je vais réussir à être très juste pour la première course de la saison.
J'avais construit Señor Blue entre Septembre et Avril, seul
la plupart du temps, mais épuisé à la mise à l'eau.
Pour le 802, pas mieux, construction de Septembre à Avril, mais
ajouter un an au milieu!
Je me suis un peu dispersé en route, ça ne fait pas de doute...
Mais j'ai moins tiré sur le bonhomme aussi. J'en serais plus frais
pour la saison 2011



C'est enfin fini pour la partie composite sur la coque.
Il reste bien un peu de peinture à fignoler en intérieur,
mais c'est pas grand chose. Je commence demain la pose
d'équipements, tout en gérant la fabrication des appendices.
Comme tous les bateaux que je fais, j'ai ressorti mes balances
pour connaitre le poids du travail...
Ah ça, c'est du beau boulot, c'est vraiment léger.
Quoi, moi, donner un poids?
Je ne vais quand même pas tout déballer comme ça!...



La jupe en papier journal, c'est le côté Coupe de l'America
du pauvre.